Un sabotier à Bachy

Un sabotier à Bachy« Un sabotier à Bachy ! », un témoignage de Julien Thiébaut (2008)

Oui un sabotier à Bachy, connu dans toute la région pour ses sabots faits à la main, pour les hommes et les femmes, à la mesure.
Oui grand-père maternel Ovide était sabotier, arrivé à Bachy en 1900, venant de sa Belgique, de Velaines exactement.

Il acheta un terrain, fit bâtir sa maison avec un atelier, 11 rue Foch, actuellement la maison de M Bernard André. Il acheta le matériel nécessaire et commença son travail, faisant tous les sabots à la main.

En Belgique, il travaillait dans les bois, dans une baraque. Grand-père allait choisir ses arbres, les abattait et un fermier les ramenait chez lui, grand-mère Lucienne rendait des heures pour « le chariot ».

Ensuite c’était le sciage à la dimension voulue avec l’aide de grand-mère. Puis le dégrossissage à la hache et enfin le morceau de bois était calé et c’était le creusage avec divers outils : cuillères pour creuser et plane pour fignoler.

Grand-père alimentait son feu avec « les équettes » qu’il faisait. Ses journées commençaient à 6 heures du matin et se terminaient le soir tard.

Beaucoup de gens venaient le voir travailler et il en était fier. Quand le sabot était fini, il gravait sa marque dans le bois, grand-mère le cirait, et c’est elle qui procédait à l’essayage, autour d’une tasse de café, c’était un moment très convivial.

Je possède toujours la tranche noire qui servait à débiter le bois, le reste des outils, je les ai offerts à un musée de Lille.

Grand-père Ovide était heureux quand il voyait les gens avec les sabots aux pieds. Sa maison a vu défiler beaucoup de monde, elle a pris le nom du « sabotier Ovide », et ma mère, sa fille le nom d’ « Yvonne du sabotier ».

Yvonne a maintenant cent ans et encore aujourd’hui, beaucoup de personnes l’appellent par ce nom là.
Ovide mourut en 1941 d’un cancer du pylore dû à l’outil cuillère qu’il coinçait sur l’estomac, mémé Lucienne décéda également la même année.